PHILIPPE RAHM - Architecture climatique
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FORM FOLLOWS CLIMATE
Le secteur du bâtiment est l’un des principaux responsables du réchauffement climatique car la combustion d’énergies fossiles pour le chauffage ou le rafraîchissement des maisons est à la source de près de 50% des émissions de gaz à effet de serre. Après quelques résistances et atermoiements, l’ensemble de la profession est aujourd’hui mobilisé pour le développement durable en plaidant pour une meilleure isolation thermique des façades, l’utilisation des énergies renouvelables, la prise en compte du cycle de vie des matériaux ou une forme plus compacte des constructions.
On le voit, ces mesures ont un objectif bien précis, celui de lutter contre le réchauffement climatique en réduisant les émissions de CO2. Mais au-delà de la finalité, au-delà de ces objectifs responsables et écologiques, est-ce que le climat pourrait constituer un nouveau langage architectural, celui d’une architecture pensée comme météorologie ? Pourrait-on imaginer que les phénomènes climatiques tels que la convection, la conduction, l’évaporation, puissent devenir les nouveaux outils de la composition architecturale ? La vapeur, la chaleur ou la lumière pourraient-elles constituer les nouvelles briques de la construction contemporaine ?
Le changement climatique nous oblige à repenser profondément l’architecture et à déplacer notre intérêt d’une approche purement visuelle et fonctionnelle, à une approche plus sensible qui s’attarde davantage sur les paramètres invisibles et climatiques de l’espace. Glissant du plein au vide, du visible à l’invisible, de la composition métrique à la composition thermique, l’architecture comme météorologie ouvre d’autres dimensions, plus sensuelles et plus variables, dans lesquelles les limites se dissipent et les pleins s’évaporent. Il ne s’agit plus de construire des images et des fonctions, mais d’ouvrir des climats et des interprétations. À grande échelle, l’architecture météorologique explore le potentiel atmosphérique et poétique des nouvelles techniques du bâtiment que sont la ventilation, le chauffage, le renouvellement d’air double-flux ou l’isolation. À l’échelle microscopique, elle sonde de nouveaux champs de perception cutanée, olfactive, hormonale. Entre l’infiniment petit du physiologique et l’infiniment grand du météorologique, l’architecture doit construire des échanges sensuels entre le corps et l’espace et y inventer de nouvelles esthétiques capables de modifier durablement la forme et la manière d’habiter de demain.